L’Association des Amis du Père Gaschon remue ciel et terre depuis de nombreuses années pour maintenir vivante la mémoire du vénérable abbé : colloque, procès en béatification, visites des lieux que le Père a parcouru, publications diverses et restauration de la chapelle d’Ambert, la bataille est sur tous les fronts. Rien de nouveau me direz-vous, plusieurs articles sur le sujet sont déjà parus.
Ce qui est nouveau en revanche, ce sont les dernières restaurations de la chapelle, intérieures, transformant cet édifice en piètre état en un magnifique écrin éclatant, un retour aux origines de sa décoration. Depuis plusieurs mois en effet, peintres et restaurateurs s’appliquaient à repeindre les murs et reprendre les plâtres et décors.
Les résultats sont étonnants et révèlent une chapelle disparue depuis fort longtemps, une chapelle flamboyante comme à l’origine des peintures et bien loin de cet édifice sombre que je vous ai présenté voilà plus d’un an.
Plusieurs entreprises sont intervenues, l’entreprise Peretti pour tout ce qui est peintures de la sacristie, reprises des plâtres et peintures du couloir d’accès à la chapelle, les peintures des salles annexes et des petites chapelles parallèles à l’entrée principale du bâtiment, ainsi que la peinture du plafond de la nef et l’entrée principale. Voici quelques exemples.




Pour les autres peintures murales comportant du décor, deux spécialistes sont intervenus, Bénédicte Saint-Gérand et Stéphane Agullo. Bénédicte Saint-Gérand est peintre en décors du patrimoine (études aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand puis école d’Avignon), elle a créé son entreprise Acanthéose en 2009 et a installé son atelier dans les environs du Puy-en-Velay. Stéphane Agullo est staffeur, c’est-à-dire qu’il restaure, crée et pose des décors en plâtre (BEP plâtrerie traditionnelle puis tour de France des Compagnons du Devoir). Son entreprise Art et plâtre des volcans fondée en 2010 est basée vers Clermont-Ferrand. À la ville comme sur les échafaudages, Bénédicte et Stéphane se complètent et aiment travailler ensemble. Les projets privés constituent presque totalement les chantiers sur lesquels ils interviennent, qui se partagent entre créations de décors contemporains et restaurations d’existants (châteaux, églises, maisons anciennes). Ils sont ainsi récemment intervenus sur la chapelle de l’ancien couvent de Riom (nouvelle médiathèque), où il s’est agi de dégager des fresques, les restaurations devant intervenir plus tard, en sous-traitance sur les restaurations de l’abbaye de La Chaise-Dieu, à l’église d’Ambérieux-d’Azergues…* En raison d’une relative rareté des peintres en décor du patrimoine et staffeurs, les chantiers les amènent à travers toute la France voire au-delà des frontières.
Même pour ses créations contemporaines, Bénédicte de Saint-Gérand s’attache à travailler avec des matériaux naturels, que ce soit pour les pigments ou les supports (enduits terre, argiles, peintures à la caséine, eau, huile…), et ne fait pas appel à des solvants ou autres produits chimiques pour les restaurations de peintures.



Les peintures des plafonds de la chapelle du Père Gaschon avaient subi des dégâts des eaux (fuites de la toiture), entraînant fissures multiples du support (plâtre) et du badigeon (chaux) utilisés à l’époque (l’utilisation conjointe des deux matériaux n’est de base chimiquement pas heureuse, mais l’eau aggrave les réactions). Les fumées des cierges et des bougies depuis deux siècles avaient par ailleurs encrassé tous les décors. Les travaux ont donc constitué en nettoyage des peintures, réparation et reprise des supports et peintures, fixation des pigments.
Les fumées déposées n’étant pas grasses, un nettoyage d’abord à la brosse couplée à un aspirateur pour ôter le plus gros des poussières, puis à l’aide de brosses fines plus ou moins larges a « suffit ». Mais prend du temps…


Les méthodes adoptées pour la restauration des peintures ont été adaptées aux supports et aux techniques d’origine employées par les peintres du XIXe siècle. Les dessins avaient été soit dessinés à main levée pour les évangélistes et les décors des bandeaux, des colonnes, des drapés bas des murs, soit appliqués au pochoir pour les éléments répétitifs.
La rénovation a consisté à combler les trous au plâtre, effectuer les retouches de peinture, et surtout ne rien inventer. Les éléments au pochoir disparus ont été reproduits à l’identique.

Partout, les peintures de restauration appliquées sont transparentes, laissant apparaître les couches plus anciennes et créant des nuances et de la profondeur, à l’inverse des aplats appliqués au rouleau.
Néanmoins, les dégâts occasionnés sur le plafond du chœur ont conduit les restaurateurs à utiliser une peinture silicate (peinture minérale naturelle au silicate de potassium) pour fixer le support et les pigments, alors que la technique originelle était un badigeon de chaux sur plâtre (cf. au-dessus).
Les arabesques furent repris par une peinture à l’huile et une dorure à la poudre d’or.



Les peintures des murs ont mieux résisté au temps et à la pollution. La technique utilisée par les peintres était courante au XIXe siècle : la peinture à la caséine, protéine du lait, additionnée à la chaux. Totalement naturelle, facile à réaliser, à teinter avec des pigments naturels, elle est donc facile à mettre en œuvre pour la restauration. Sa solidité explique la bonne résistance des décors. Enfin, l’absence de résine permet au pigment de ressortir et grâce à la transparence des peintures, les couleurs « vibrent », varient en fonction de la lumière, les murs s’animent.
Au fil des années, les fumées des bougies ont incrusté la peinture à la caséine qui conserve des traces noires malgré un brossage minutieux. Les murs, physiquement, chimiquement imprégnés, racontent l’histoire et l’usage des lieux.


Plus bas sur le mur, les pilastres ont eux été traités dès l’origine en aplat, à la peinture à l’huile, ce qui leur donne un aspect mat.
Au final, le résultat mêlant nouvel éclairage et peintures restaurées est flamboyant. Notre œil a perdu ce goût des couleurs éclatantes et franches, habitué qu’il est depuis le début du XXe siècle aux édifices recouverts de badigeons blancs et de faux parements de pierre…
La chapelle n’est plus un lieu sombre et hélas « miteux », elle a retrouvé sa beauté presque orientale faite de rouges, de bleus, de jaunes, et de verts vibrants que des peintres venus d’Italie avaient créée en l’honneur du Père Gaschon.
Dernières nouvelles ! Au retour de congés, je découvre les photos de la signature des peintres sur un des piliers de la chapelle, envoyées par Bénédicte Saint-Gérand: « Belli père et fils, peintres de Mollia (Royaume d’Italie) – 15 mai 1869 ». Parallèlement, la découverte d’une lettre dans les archives du diocèse par le Père Dom Bruno Samson confirme cette paternité. S’agit-il de Maurizio Belli, peintre-décorateur né à Mollia en Italie, mais travaillant à Turin et en France et ayant eu un fils avec Claudine Donce-Vaillerant originaire de Clermont-Ferrand ? Leur fils, Luigi Belli (1848 – 1919), fut un sculpteur et architecte italien célèbre, ayant travaillé à Turin, Milan, Rome, Vérone… Un début de réponse, mais encore des questions !









Quelle belle, très belle chapelle, quand nous l’avons connu noire, sombre ; et, là, sa renaissance donne un lieu magnifique !
Quelqu’un sait il qui avait réalisé le décor précédent, et, vers quels années ???
A quelle date la chapelle sera-t-elle à nouveau ouverte ?
Bonjour Yode, je reviens sur vos questions, retournez voir la mise à jour dans le texte, nous avons dorénavant et la date d’exécution et le nom des peintres.
Quant à la réouverture de la chapelle, elle est conditionnée à l’autorisation de la commission sécurité, mais on ne sait pas quand la visite sera réalisée.
Bonjour,
je pense avoir des infos complémentaires sur ces peintres, je cherche, et, je vous tiens au courant !
BELLI François Pierre Maurice Marie, né à Mollia (Piémont) 04/05/1816, plâtrier à Clermont Ferrand en 06/1836, peintre en décors domicilié à Clermont Ferrand en 05/1852, décédé plâtrier peintre à Clermont Ferrand) 30/05/1873, marié à Clermont Ferrand 09/09/1836 avec DOOMS Claudine, née à Clermont Ferrand) 12/01/1816, décédée sans profession à Clermont Ferrand 20/04/1880.
Ce couple a eu 7 enfants : Jeanne ; Vincent Victor ; Marguerite Augustine ; Clémence Antoinette ; Jacques Antoine ; Luigi et Emile Victor.
Vincent Victor BELLI, né à Clermont Ferrand en 1837 et Jacques Antoine BELLI, né à Clermont Ferrand en 1841 ont été peintres et Luigi BELLI a été sculpteur.
Merci à Julien P. qui m’a aidé à répondre. Qui pourra m’aider à compléter cette réponse ?
oups … « vers quelles années ? »
Bonjour Yode, on n’a rien vu !!
Sur le site des Amis du Père Gaschon (https://pere-francois-gaschon.org/restauration-de-la-chapelle-du-p-gaschon/), il est mentionné que la chapelle a été embellie entre 1838 et 1871. Les peintres seraient apparemment italiens (conforté par le style des peintures et la technique).
Quant à la réouverture de l’église, et bien pas tout de suite, je n’en sais pas plus.