
Longtemps, voilà trop longtemps que je n’ai consacré un de mes petits papiers aux animaux qui fréquentent Nouara. Les travaux ne les ont pas chassés, pour la plupart ils poursuivent leur vie dans les coins tranquilles où personne n’accède jamais.
Prise d’une envie subite de verdure un jour de visite de chantier, je me suis aventurée dans les herbes folles d’un talus (pas grand choses à craindre à part les aoûtats !). Non loin de l’écoulement d’une source, la menthe vert tendre commençait à fleurir. Dans cette fraîcheur apportée par l’eau, les verts se mêlaient, les plantes se paraient de douceur, même les orties !

De petits insectes profitaient du calme, pas plus effrayés que ça que je vienne perturber leur quiétude avec mon appareil photos et mes grosses chaussures. Sympas, ils se sont laissé photographier. Et hop dans la boîte les images (mais pas les âmes, je ne les prends pas) d’un coléoptère vert métallisé (même ses pattes !), d’un criquet en train de manger son brin d’herbe, et d’une minuscule sauterelle verte aux longues pattes et très longues et fines antennes.

J’ai eu envie de vous présenter cette dernière, d’autant que j’avais déjà pris des photos d’une de ses congénères : la Leptophye ponctuée. Cette petite sauterelle (le mâle fait 15 mm au maximum, la femelle 17 mm) est assez commune et vit dans les arbres et les arbustes des bois et jardins. Il est possible aussi de la rencontrer sur de hautes herbes comme ce fut le cas ici. Elle se nourrit d’ailleurs des plantes car, à l’inverse d’autres orthoptères (l’ordre auquel la Leptophye ponctuée appartient), elle est herbivore et non carnivore.

La Leptophye ponctuée est facilement reconnaissable. Mâle et femelle sont verts, ponctués de points noirs rouge sombre très nombreux, pour la femelle, avec une bande marron sur l’abdomen, les élytres et l’arrière de la tête (pronotum) pour le mâle. Les pattes du mâles sont aussi en partie marron. Leurs organes sexuels sont visibles et très différenciés : un oviscapte (organe qui permet à la femelle de déposer les œufs dans le sols, sous l’écorce d’un arbre…, formant comme un éperon à l’extrémité de l’abdomen) court, courbé haut, aplati, massif, pour la femelle, et des cerques courts et recourbés vers l’intérieur pour le mâle devant l’organe reproducteur à proprement parler.

Mâle et femelle ont des élytres et des ailes très petites voire quasi inexistantes, ce qui fait que cette sauterelle ne vole pas. En revanche, elle court et elle saute parfaitement bien pour fuir ses prédateurs, jusqu’à une distance de 50 fois sa taille ! Elle se laisse aussi tomber au sol pour tromper l’adversité.

Si les ailes sont petites, les antennes sont à l’inverse très longues, jusqu’à quatre fois la longueur de l’animal, comme on le distingue sur ces photos.
Cet insecte acquiert sa forme adulte au cours de l’été, mais s’il est présent sous ses formes larvaire et juvénile auparavant, il reste plus discret.