De quoi ou de qui les Euphorbes, jolies plantes très variées, tiennent-elles leur nom ? D’Euphorbus (40-19 avant JC), médecin du roi Juba de Mauritanie. Pour les uns, c’est ce dernier, féru de botanique, qui les baptisa ainsi, pour les autres, c’est Euphorbus qui, en s’apercevant de certaines propriétés médicinales du latex, donna son nom aux plantes. Et l’étymologie d’Euphorbus me direz-vous ? Un nom composé en grec ancien de EU (bien) et PHORBE (nourriture) du verbe PHORBEIN ou PHERBEIN (nourrir, paître), autrement dit « bien nourri ». De la même origine provient le mot « herbe », et l’on en revient à nos euphorbes, identifées par tout un chacun comme des herbes, voire de mauvaises herbes.

Petite précision pour commencer, les Euphorbes sont masculins dans le dictionnaire, mais comme les botanistes les désignent au féminin, pour une fois le masculin se replie et c’est l’usage qui l’emporte. Tout le monde donc a déjà vu des Euphorbes, mais elles sont en fait assez peu connues par leur nom. Ce sont des plantes très communes puisque la famille (Euphorbiacées) comprend quelque 8 100 espèces dont environ 2000 du genre Euphorbia. Les Euphorbes présentent des formes très variées, certaines ressemblent à des cactus, d’autres illuminent nos maisons comme le Poinsettia ou l’Épine du Christ, une grande partie enfin poussent librement dans les bois, les talus, et dans nos villes et s’allument parfois de couleurs rouges ou jaunes.

En règle générale, les Euphorbes se caractérisent par une sève épaisse, plutôt du latex, très irritant voire toxique. Il est d’ailleurs conseillé de porter des gants lorsqu’on les manipule. Ce latex était autrefois utilisé pour combattre les verrues, comme la sève de la Grande Chélidoine (belle fleur jaune très courante). Très récemment, des chercheurs se sont aperçu que le latex d’une des espèces d’Euphorbes contenait une molécule qui pourrait aider à combattre certains cancers de la peau. Autre utilisation du latex ? Le caoutchouc bien sûr, extrait de l’Hévéa qui n’est rien d’autre qu’un des nombreux membres des Euphorbiacées !
Parlons maintenant de leurs fleurs : et bien ce ne sont surtout pas les parties jaunes ou rouges qu’elles arborent fièrement. En réalité, ces « pétales » sont des petites feuilles situées à la base des fleurs réduites à leur plus simple expression, juste les organes reproducteurs mâles et femelles.
Celles que je vais vous présenter ici sont des spécimens sauvages des bois au-dessus de Nouara ou poussant dans le jardin. Il s’agit d’individus de la même espèce, l’Euphorbe des bois ou Euphorbe à feuilles d’amandier. L’espèce est vivace (donc revient tous les ans) et fleurit d’avril à juin. Les inflorescences sont autant de petites têtes de chouettes (voilà qui est parler botanique !), quant aux feuilles, elles sont persistantes en hiver et forment une rosette à la base de la tige.


